Un consultant et son iPad, 1 mois après…
Je vous parlais de ma vision de l’iPad en tant qu’objet innovant il y a peu. Quel est finalement mon bilan à son sujet depuis début juin ?
The iGood
La première chose qui me vient à l’esprit est certainement que le clavier natif de l’iPad en mode paysage est remarquablement confortable. Il a quelques défauts : il faut déconnecter le correcteur automatique qui a un QI de 12 par beau temps, et du coup vous allez perdre du temps pour accentuer correctement les mots. Mais c’est une très bonne surprise pour moi, puisqu’il me permet de taper presque aussi vite qu’un clavier normal. Les adeptes de clavier Key Tronic seront horrifiés, mais les humains normaux seront tout à fait à l’aise. Ceci étant si vous branchez un clavier bluetooth, l’iPad s’adapte immédiatement, mais vous perdez à mon avis la relation directe avec l’écran et risquez de perdre plus de temps qu’autre chose.
Une deuxième chose assez remarquable est l’application Simplenote. Je ne vais pas vous faire le coup de l’application minimaliste zen qui vous permet de vous concentrer sur l’essentiel… Mais bon, oui il y a de cela. Cette petite application me permet en tout état de cause de travailler en déplacement et en réunion client, avec d’un côté mon bloc Moleskine et de l’autre côté mon iPad. Un support cerveau droit pour gribouiller, développer des notes préliminaires. Et un support cerveau gauche pour lister les points importants, mettre en ordre des idées pour de prochains rendez-vous, ou préparer des blogs, des bouts de business plans…
Ce que l’on vous a peut être aussi raconté sur le fait que l’écran n’est pas intrusif en réunion est on ne peut plus vrai pour moi : écran à plat il est plus aisé de montrer une présentation ou de faire tourner une version de texte sur lequel on travaille. C’est beaucoup plus naturel que de sortir tout à coup son laptop, de le booter et au final d’avoir un panneau vertical entre vous et vos interlocuteurs.
L’autonomie enfin est bien au rendez-vous. Difficile de mettre à plat la batterie au cours d’une journée de travail, même avec une connexion WiFi active en permanence et de la vidéo tournant en continu.
The iBad
Après l’achat de l’iPad, le concept montre en général ses premières limites quand vous allez vouloir synchroniser des fichiers. Si vous souhaitez le faire comme Apple l’a prévu, armez-vous de courage et amusez-vous à essayer de le faire avec iTunes. Ce n’est pas impossible, mais c’est réellement inefficace et relativement stupide. Heureusement, Dropbox viendra vous sauver, soutenu par GoodReader pour les PDF et par DocsToGo pour Excel et Word. Merci à eux ! Et comme vous allez vivre avec eux, autant apprendre à les aimer.
Autre mini drame pour les utilisateurs comme moi de Keynotes : les versions Mac et iPad ne sont pas compatibles. Ou alors comme Powerpoint est compatible avec Keynotes : si vous avez cinq bullets points en Arial sur un fond bleu, ça va aller. Si vous aller au-delà vous allez avoir des problèmes. Il est par exemple impossible d’utiliser vos polices de caractères et vous resterez bloqué avec Arial, Helvetica and co. Et si vous avez des blocs de texte, des images et autres cadres… c’est foutu, tout cela ne sera pas correctement traduit par l’iPad.
Et finalement, vous risquez de vouloir brancher un bidule USB (oubliez c’est interdit par Apple, sauf pour vider votre appareil photo) ou de le brancher sur un vidéoprojecteur. Dans ce dernier cas, il faudra que l’application que vous utilisez ait été conçue pour utiliser la sortie VGA de l’iPad, car sinon cela ne marchera pas ! Dans tous les cas ayez l’iPad chargé, puisque la sortie VGA passe par le connecteur dock qui sert aussi à le recharger. Impossible de faire les deux en même temps.
The iUgly
L’iPad pour surfer c’est une catastrophe. Je vous laisse digérer quelques secondes l’information… Alors pourquoi est-ce si catastrophique ? Simplement parce que même en WiFi c’est lent. Très lent. Du niveau d’un téléphone mobile. Et la gestion de l’ouverture de plusieurs tabs avec Safari mobile est là aussi désastreuse : ouvrez une fenêtre, revenez sur la précédente, et hop vous devez la recharger. Tout comme si vous aviez plusieurs sessions de Safari ouvertes et que (absence de multitâche oblige) vous deviez les redémarrer à chaque fois. Enjoy ! De façon surprenante l’iPhone est plus réactif et ne recharge pas les onglets à chaque fois. On peut donc espérer que cela sera amélioré.
Mon iBilan pour l’instant
Très déçu par des points qui me semblaient évidents au départ, je n’ai pas vraiment la machine ultime pour passer mes présentations Keynotes partout facilement. Je dois d’abord les exporter en PDF, les synchroniser sur Dropbox, les récupérer sur le Dropbox de l’iPad, et les envoyer enfin sur Goodreader. Gasp n’est-ce pas ? Et passé l’amusement initial ou les inévitables dépannages ponctuels en déplacement, pas de navigation sur internet. Mon Mac Mini au bureau reste ma porte vers la matrice quoiqu’il arrive.
Accessoirement c’est aussi pour moi un bon e-reader grâce à l’application Kindle. Mais il s’agit plus pour moi de dépannage que d’un support de lecture principal. Le jour où des journaux ou magazines, utiliseront mieux qu’ils ne le font aujourd’hui l’iPad cela pourra être intéressant. Pour l’instant fuyez par exemple WIRED qui ressemble à un CD-Rom ludo-éducatif sur C-64, mais bourré de pubs. Par contre Libération (que je lis par ailleurs peu ou pas en version papier) à fait un boulot simple mais plutôt agréable. Même si je n’ai pas sauté le pas, je vais certainement m’abonner sous peu.
Reste donc le point qui m’a vraiment convaincu : même avec des outils encore rudimentaires, l’iPad est un énorme bonne surprise comme outil en réunion. J’ai peur néanmoins que ce ne soit pas vraiment une vision qui puisse encore fédérer le plus grand nombre. À suivre ?
image : sectiondesign.co.uk