Hack Data PACA c’est fini ?
Voilà, le hackathon open data organisé à Marseille par la FING et moi-même est bien terminé et après quelques jours en mode panique pour ne pas laisser dériver les missions de l’agence, voici un peu mon bilan personnel de l’aventure :
Par rapport à mon travail plus habituel sur le sujet comme un hackathon “privé” réalisé pour un grand groupe sur un sujet précis, ou un hackathon organisé pour les startups d’une pépinière (promis si ça vous intéresse, je vous explique ^_^), il aura fallu beaucoup, beaucoup plus de travail de préparation. Tout d’abord parce que nous avons dans les mains un sujet indéfini à traiter et parce que aussi nous ne maîtrisons pas le public susceptible de venir.
Charles Népote et moi-même avons donc dû passer pas mal de temps à rameuter nos réseaux (entreprises, écoles, associations) pour nous assurer d’une masse critique de personnes. De ce point de vue nous avons tapé dans le mille en prévoyant 80 inscrits et au moins 50 présents et en arrivant exactement à cet objectif. Mais surtout nous avons eu une répartition quasiment idéale des profils :
Et vous noterez même que pour une fois sur ce type d’évènement, les développeurs n’ont pas représenté l’écrasante majorité des participants !
Nous avons été ensuite bien épaulé par l’équipe innovation et économie numérique de la Région PACA qui a engagé ses propres réseaux et qui largement contribué à l’organisation. Tout comme Marseille Innovation qui a joué le jeu de façon très ouverte en ouvrant un plateau de travail neuf pour les équipes de hackers, en nous fournissant WiFi, mobilier et qui s’est intéressé de près au déroulement tout du long du weekend. En parallèle plusieurs mentors de haut niveau se sont montrés disponibles pour venir épauler les équipes dans toutes les dimensions de leurs projets.
J’ai été aussi agréablement surpris par les stratégies de production claires et cohérentes que certaines équipes ont rapidement mis en place dès le samedi matin. Le fait d’avoir des bureaux individuels et de quoi afficher clairement les missions de chacun a été très productif :
Il faut dire que la richesse des profils des équipe a été déterminante. Une grosse différence en regard d’évènements comme les startup weekends où les profils sont logiquement plus monotypes et ont peut-être moins de ressources pour s’organiser spontanément et efficacement. Pour être transparent nous avons même dû nous adapter en supprimant les animations prévues tout au long du weekend : les équipes étaient engagées et voulaient bosser au maximum. Difficile de les contrarier sur ce point !
Au final les groupes ont porté et présenté 7 projets de très bonne qualité, avec de fortes originalités par rapport aux productions habituelles d’un hackathon open data. En clair, nous n’avons pas fait que du SoLoMo touristique (la fausse bonne idée à la mode qui depuis deux ans n’intéresse personne sur le marché).
Que se passe t’il maintenant ? Comme nous avons rendu tout ouvert et réutilisable, il y a déjà plusieurs groupes qui se positionnent sur Montpellier et Toulon notamment, pour produire d’autres épisodes.
C’est un point clef. Il faut comprendre que ce type d’hackathon ouvert n’a pas vocation a créer des entrepreneurs au lundi matin. On peut inciter, montrer, aider, faciliter… Mais rien de plus. D’autant que de nombreux participants peuvent être là simplement pour voir et comprendre. Si certains souhaitent prolonger l’aventure et structurer un projet défini, ils constitueront des exceptions. Et je pense qu’il y a une honnêteté fondamentale en regard de cela : il ne faut pas faire croire qu’après un weekend, tous vont être prêts à créer une startup, ce n’est qu’un outil de pédagogie active (je ne tente pas le jeu de mot “hacktive”).
Du coup la réitération et la duplication de ces évènements sont nécessaires. Il faut maximiser les opportunités de rencontres et d’interactions sur ces sujets d’innovation, pour permettre peu à peu l’émergence d’activités plus mûres, moins naïves et mieux réfléchies. En agissant sur le fonds et le long terme, on favorise le développement d’une culture de l’innovation, du risque, et de l’essai-erreur. Une stratégie plus efficace que la vision court-terme des concours, bourses et autres appels à projets, souvent sans lendemain.
La contre-partie c’est qu’il va falloir aussi en PACA apprendre à accueillir ces formes diffuses d’innovations. Car si au fil des évènements et des rencontres des équipes vont finir par apparaître qui va les accueillir ou les soutenir ? Il ne s’agira pas de les financer ou des les incuber directement. On a pu constater qu’ils vont rester dans une attitude souple et laxe, et qu’ils ne vont pas répondre à une logique de filière. En revanche quelles sont leurs chances de trouver un espace de coworking pour commencer à se poser ? Quelles sont leurs chances de rencontrer des entrepreneurs sur le sujet qui les intéresse sans avoir créer leur structure ? Quelles seront leurs capacités à mobiliser du conseil et de l’accompagnement pour les aider à qualifier un projet embryonnaire ? Auront-ils le droit de parler innovation s’ils n’ont pas de brevet en ligne de mire ?
Si vous pensez que ces questions ne sont pas importantes, c’est que vous croyez que vous pouvez innover en-dehors des schémas habituels des pôles de compétitivité, des pépinières et incubateurs, ou même d’OSEO… Je ne suis pas certain qu’en France vous ayez raison. En revanche je veux croire que ces organismes peuvent choisir de s’ouvrir et de jouer un rôle moins habituel que celui qui attendu d’eux jusqu’à présent. Cela demande néanmoins une acculturation souvent complexe. En leur proposant des systèmes d’innovation non-linéaires, il est forcément difficile de parler fléchage de budget, suivi, reporting et calendrier.
D’un autre côté les grands groupes ont compris depuis plusieurs années l’intérêt de ces dispositifs pour leurs propres équipes, en tant que moteur d’ouverture et de régénération de leur vision de l’innovation. Et ceux qui sont encore en retard sur le sujet se réveillent vite. Donc même si un hackathon “privé” est très différent d’un hackathon “ouvert” comme Hack Data PACA, nous pourrions espérer que nos réseaux publics et para-publics d’accompagnement à l’innovation, ne seront pas les dernier à adapter leur culture. Pour une fois je suis plutôt optimiste sur le sujet.
À suivre donc ? J’espère bien !