Vous créez une startup ? Chassez les idées reçues !
Le produit n’est pas intéressant
La plupart du temps, vous n’allez pas livrer au marché le produit auquel vous pensiez avant la création de la startup. Si tout se passe bien, de nombreuses “catastrophes” vont venir vous perturber et faire mûrir l’idée de départ. Si vous avez inventé une technologie, elle restera au coeur de l’histoire. Mais il faudra savoir ne pas s’entêter, laisser le marché et la concurrence vous challenger et adapter votre vision.
Persévérez mais ne vous entêtez pas
Une fois que votre idée s’est imposée comme une évidence et que vous bouillez d’envie de la concrétiser avant tout le monde, mettez au clair votre vision. Si vous n’avez pas formulé comment vous souhaitez agir sur le marché, à quel niveau et jusqu’à quand, vous ne pourrez pas persévérer. C’est à dire continuer à chercher le bon angle en dépit des problèmes innombrables que vous allez rencontrer. Et parvenir à la fin à faire déboucher votre vision d’une façon ou d’une autre. Vous risquez au contraire de vous entêter sur l’idée de départ sans jamais l’adapter et de créer quelque chose qui n’intéresse personne le jour où vous le lancer.
Les idées ne valent rien
Un système sans réservation d’auto-partage en centre ville, un site web centralisant toutes les cartes de réduction des magasins sous forme de miles et permettant de bénéficier d’alertes sur les soldes et les promotions, un site dédié uniquement au tri de vos photos de voyages, illustrant lui-même les lieux que vous avez vu avec des informations venues d’internet et permettant d’éditer rapidement un album papier, un système d’alarme maison basé uniquement sur votre (vos) webcam(s), …
Tout cela n’a aucune valeur sans exécution. Si vous hésitez entre une idée flamboyante, pour laquelle vous n’avez que peu de chance de réaliser, et une idée plus modeste pour laquelle vous avez une chance assez unique de mener à terme… Optez pour la modestie.
Les catastrophes sont indispensables
Une règle empirique veut que vous allez subir un évènement qui remet en cause votre startup tous les trois mois : votre temps de développement vient juste de doubler, un concurrent inopiné vient de sortir le produit que vous souhaitiez réaliser en 2013, un investisseur jusque là enthousiaste se désengage brutalement, votre meilleur ami et co-fondateur décide de changer son mode de vie et d’aller élever des lapins angora au Brésil, aucun client potentiel n’a jusqu’alors compris ce que vous souhaitez faire…
Toutes ces “catastrophes” sont normales. Faute de mieux, elles doivent être utilisées remettre en question au maximum ce que vous faites. Si vous passez le cap à chaque fois, la startup aura mûri avec vigueur. Et vous aurez acquis des compétences importantes en terme de gestion de projet, d’intelligence économique, de négociation financière, de gestion du leadership, ou de marketing stratégique…
Dit d’une autre façon : si vous restez dans votre zone de confort, vous faites probablement mal les choses.
Une startup n’est pas une entreprise
Inutile d’essayer d’adopter des mesures d’activité telles que le CA, la part de marché, ou la rentabilité nette. Vous le ferez quand vous serez sorti du mode startup. Pour l’instant votre tableau de bord doit mesurer vos signes vitaux. Cela peut être par exemple trois durées :
- Nombre de mois financés (combien de temps avons-nous pour développer notre offre, avant que nous n’ayons plus de trésorerie) : Mf
- Nombre de mois avant lancement (combien de temps avant la mise sur le marché d’une première chose vendable à quelqu’un) : Ml
- Nombre de mois avant le point d’équilibre (combien de temps avant que les revenus compensent les coûts) : Me
Dans une situation classique : Mf < Ml < Me
Savoir avec précision où vous en êtes va vous permettre de moduler votre rôle de dirigeant de startup, en vous mettant en urgence sur la R&D, sur la recherche de partenaires et de financements, ou sur le commercial et le marketing.
Ne créez pas pour revendre
D’un point de vue financier l’horizon de sortie que vous allez proposer à vos premiers investisseurs est déterminant. Il s’agit de savoir quand vous allez passer la main, revendre à un gros acteur du marché, ou à des investisseurs plus gros. Certes. Mais si votre moteur pour créer une startup est sa revente dans 3-5 ans, cela voudra dire que vous n’aurez que peu de marge d’adaptabilité et qu’il vous faudra à tout prix coller à votre business plan ante-création. Statistiquement vous allez à l’échec.
Trouvez plutôt votre moteur personnel : que souhaitez-vous apporter au marché ou au monde, où voulez-vous être dans cinq ans, qu’avez-vous envie de prouver, qu’est-ce qui vous intéresse ou vous amuse réellement dans cette aventure… ?
Vous n’avez pas besoin d’investisseurs
Je ne me fais pas que des amis avec cette assertion, mais elle est honnête et indispensable. Depuis le début de l’année sur une douzaine de levées de fonds que j’ai accompagnées, j’en ai désamorcées un quart. Tout le monde n’a pas besoin de 300K € pour créer une startup — ce qui pour une raison ou une autre semble être le chiffre magique. Il est possible de créer une startup qui gagne de l’argent immédiatement : en vendant dès le départ ses premiers développements, en trouvant un partenariat pour développer un produit trop risqué pour un grand groupe, en ayant un business model extrêmement “scalable” (dont la montée en puissance se finance d’elle-même, par exemple avec un BFR fortement négatif), …
Si cela vous semble être de la science fiction, jetez un oeil à la série d’article “Boostrapped, Profitable, & Proud“, qui interviewe des créateurs de startups ayant démarré avec une mise de fonds propre minimale, sans investisseurs, qui font maintenant des profits, et qui génèrent plus de 1 million de revenus.