Utiliser la contre-intuition
L’intuition et le bon sens sont parfois de terribles ennemis. Ainsi l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), que l’on peut difficilement soupçonner de pousser à la dilapidation des énergies fossiles, indique que le prix à la pompe du litre de super est actuellement au plus bas. En pleine crise du prix du baril, l’information est difficile à appréhender.
Et pourtant dans un contexte de mesure objective cela devient parfaitement compréhensible. L’augmentation du SMIC horaire a été beaucoup plus rapide que celle des prix à la pompe. Du coup en 1974, une heure de travail au SMIC permettait d’acheter 3 litres de super, alors que cette même heure permet d’en acheter 4,5 litres aujourd’hui. De plus l’amélioration industrielle des moteurs de nos véhicules depuis plus de 30 ans, fait que ramené au kilomètre, ce gain en pouvoir d’achat est encore multiplié par 1,5 ou 2…
En entreprise le même type de surprise est à attendre quand l’équipe de direction est dépourvue d’indicateur pertinent sur ses performances financières et d’objectifs clairs. Viser par exemple un ROE (résultats nets / capitaux propres) de 15%, comme n’importe quel fonds de pension (ce qui semble être le bon sens partagé du moment) peut se révéler être soit une erreur, soit dans le meilleur des cas quelque chose qui n’a aucune signification. Une agence de conseil par exemple, qui n’a que peu de capitaux propres aura forcément un excellent ROE, sans que cela ne donne à quiconque une indication sur sa performance.
Le choix réfléchi d’indicateurs stratégiques est clairement un enjeu délicat, qui ne peut pas se faire à la légère.